Pourquoi est-ce difficile de dire "je t'aime" à nos parents

« Je t’aime » , trois mots si courts et pourtant si difficiles à dire. Cela peut être évident pour certains, mais pour d’autres, avouer ses sentiments est une épreuve. Surtout lorsqu’il s’agit de le dire à nos parents.

Dire « je t’aime » à nos parents... L’envie est là, mais le moment venu, le cœur se noue et les paroles ne sortent pas. Bloqués, frustrés, nous aimerions pourtant pouvoir enfin leur dire ces trois petits mots si lourds de signification. Dire « je t’aime », c’est entrer dans l’intimité, c’est oser montrer l’amour que l’on a pour l’autre. Mais quelquefois, on peut craindre que l’autre en face ne soit pas prêt à recevoir cela.

Chacun face à ces trois mots : « je t’aime », réagit différemment. Pour certains il est hors de question de dire « je t’aime » à ses parents, pour d’autres l’envie est là mais les mots restent coincés au fond la gorge, pour d’autres encore c’est très facile. Qu’on les aime ou qu’on ne les aime pas ils sont là et les sentiments qu’on ressent pour ses parents sont souvent mélangés, violents, mystérieux. Alors pourquoi leur dire qu’on les aime ? Faut-il ou ne faut-il pas le leur dire ? Comment le dire ?

Je t’aime, je te hais

En grandissant alors qu’on disait souvent « je t’aime maman », « je t’aime papa », on a parfois davantage envie de dire « je te hais ». Et pourtant on les aime en même temps. Entre les deux on pourrait imaginer une expression « je te haine ». Pas facile de devenir adulte sans voir et s’apercevoir que ses parents ne sont pas parfaits et qu’ils font des erreurs. Et après l’admiration qu’on pouvait leur porter quand on avait cinq ans et qu’ils nous faisaient le plus beau des gâteaux, ou construisaient pour nous une cabane fabuleuse, on peut, à l’adolescence, leur en vouloir d’être comme ils sont : envahissants, absents, compliqués, dépressifs, survoltés, passionnés, exubérants, fatigués, exigeants,... Pouvoir accepter que l’on en veut à ses parents, mais aussi qu’ils font des erreurs, c’est se permettre de les aimer tel qu’ils sont et plus seulement pour ce qu’ils nous donnent.

Je t’aime mais je t’en veux

Alors comment surmonter cette peur ? On ne peut pas dire un « je t’aime » sincère à quelqu’un si on lui en veut encore, ou si l'on ne s’aime pas soi-même. Dire « je t’aime » n’est donc pas aussi simple que cela. La clef ? Savoir dire « je t’en veux » pour mieux dire « je t’aime ». Ce qui implique de faire le point sur soi-même et sur la relation que l’on a avec ses parents. Si on ne sait pas comment trouver les mots, il est clairement préférable de se taire. Mieux vaut aller voir un psychothérapeute avec lequel on va faire le tri, avec qui on va regarder et guérir son histoire. Trop de gens font l’erreur de vouloir demander à leurs parents de guérir leur propre histoire. Mais ça, ça ne fonctionne pas.

Un risque à prendre

Mais alors, pourquoi les enfants arrivent-ils eux à le dire avec autant d’aisance ? Quand on est tout petit, il n’y a pas cette même conscience de ce que vit l’autre. C’est donc nettement plus facile. Et il y a aussi l’école, où l’on nous dit qu’il faut dire « je t’aime ». Nous sommes éduqués à dire nos sentiments à nos parents, mais le fait-on aussi fortement à l'âge adulte ? C’est une chose de dire « je t’aime » à sa maman quand on est enfant mais quand on est adulte, à 30, 40, ou 50 ans ... Oser dire je t’aime à cet âge peut se révéler bien plus difficile, car c'est une prise de risque bien plus importante. Une prise de risque qui en vaut pourtant la peine. C’est important de pouvoir le dire. Si on ne peut pas dire un vrai je t’aime à son père ou à sa mère, il est vraisemblable que l’on ne puisse pas le dire non plus ni à ses enfants, ni à son conjoint, ni à soi-même surtout !

Quand et comment ?

Pour certains, les mots d’amour, les mots qui expriment les sentiments qu’on éprouve, sont impudiques. Mais on peut le dire ou le prouver par des gestes et des attentions au quotidien. Passer l’éponge, mettre la table, et mettre ses chaussettes sales dans le panier ce n’est pas une preuve d’amour, mais des petits gestes qui peuvent parfois montrer qu’on fait attention à la vie commune avec son ou ses parents. On peut accepter de temps en temps de faire des choses ensemble comme une promenade, voir un vieux film qu’ils adorent, ou leur dire quand ils nous manquent.

Mais il y a aussi des événements importants dans la vie qui font qu’on peut avoir envie de marquer le coup. Une belle lettre quand on part de la maison pour aller faire ses études par exemple. Être là quand ils sont tristes, fatigués ou malades et savoir leur témoigner notre amour par des mots, en les prenant dans nos bras, ou en leur faisant un bon petit plat, c’est aussi leur dire qu’on les aime.

On n’est pas obligé d’aimer ses parents. Quand on les aime, on n’est pas obligé de le leur dire. Bien souvent ils le savent. Et si on a peur de le leur dire ou que dans sa famille on ne le dit pas, on peut le leur prouver différemment que par les mots. A vous d’inventer vote manière de le leur faire comprendre !

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